Enfin une belle histoire à raconter. Elle était terrible au départ, horrible, insupportable, et les marocaines et les marocains lui ont offert une happy ending. A l'américaine. And oh God that is so good !

Et peut-être que celui-ci me parle davantage que l'engagement autour du handicap notamment mental est une chose qui m'est chère. Sans doute parce que cela me ramène à cette association dont fait partie ma tante depuis plus de dix ans et qui révolutionne la façon de considérer une personne avec une maladie psychologique. Que ce soit en France ou au Maroc, même si je dois avouer que la situation au Maroc est terriblement plus alarmante, les personnes qui souffrent de maladies psychiques et psychologiques sont considérées comme des fous et des folles et qu'il est quand même préférable de garder dans un hôpital et gavés de médicaments. Ils peuvent être dangereux pour la société, vous comprenez. C'est comme les musulmans qui sont tous des terroristes. Belle création médiatique très pratique. Un pourcentage tellement infime de crimes ou de violences envers autrui sont commis par des personnes souffrant de maladies mentales, mais à chaque fois les médias en font un tel tapage qu'on les voit alors comme des bêtes terriblement dangereuses et que malheureusement la seule solution reste l'enfermement. Pour les protéger. Ah bon ? Enfermer une personne qui SOUFFRE déjà terriblement c'est une façon de la PROTEGER ? Non, c'est une façon de se nettoyer le paysage, de faire de l'eugénisme de rue, pour ne garder que les gens NORMAUX. Oui parce que ça c'est bien la normalité, ça rassure, c'est conforme, c'est plus simple, puis c'est moins dangereux. Quoi ? Les premières causes d'agressions en France et depuis des années et de très très loin en termes de chiffres sont des agressions qui ont lieu dans le cercle familial, par des proches, des gens NORMAUX ? Ah bon ? Ok, mais on ne le voit pas, on ne sait pas trop. Alors que les fous, eux, on les voit.
J'arrête ici la colère que je sens monter en moi à chaque fois que j'évoque ce sujet. J'essaie de ne pas songer au fait qu'ici dans mon magnifique pays qu'est le Maroc, il existe encore trop de personnes qui enferment des gens qu'ils considèrent comme "possédés", qu'ils leur font vivre un calvaire de magie noire, de maltraitance, d'abandon, de misère. J'essaie de ne pas croire qu'il existait jusqu'à peu et qu'il existe encore peut-être un village dans lesquels des personnes handicapées sont ATTACHEES à des chaînes et traitées comme des animaux ? !!! Que Dieu nous vienne en aide, car traiter des humains de la sorte est juste innommable. Que les consciences changent, car j'enrage aussi à chaque fois que j'entends quelqu'un pourtant éduqué et bien pensant me dire de tel ou telle personne qu'il est "fou" ou "folle", qu'il vaut mieux s'en éloigner. Oui, le manque de moyens, la misère, la solitude de ces personnes sans aide font qu'elles deviennent effectivement dangereuse, quand elles se retrouvent seules, sans toit, sans famille, shootées à je ne sais quelle drogue bon marché. Mais le problème est à prendre à la racine. Je ne dis pas tout cela pour critiquer la société marocaine, loin s'en faut, et la "peur" de l'autre est malheureusement trop induite et je ne blâme personne pour cela ; je rêve juste d'un monde où l'on considère quiconque comme un être humain, en dépit de ses difficultés à s'exprimer, à se comporter comme tout le monde, qu'on arrête de le diaboliser.
Ce qui m'amène à parler de cette association et de son concept révolutionnaire : la psychiatrie citoyenne. Ce combat mené par de plus en plus de personnes dans le monde qui en font un mouvement international, dont l'essence même est dans l'amour et de l'intégration dans la société que l'on doit donner à ceux qui souffrent de maladie psychique, au lieu d'une mise à l'écart et d'une peur créée de toutes pièces. La psychiatrie citoyenne remet l'humain au centre de tout, et permet à des personnes considérées comme malades mentales à isoler de redevenir des êtres aimés, confiants, intégrés et acceptés dans la société. L'association à l'origine de cette pensée magnifique s'appelle Les Invités au Festin, et a commencé par créer un lieu de vie, une sorte de grande maison dans laquelle vivent plein de personnes, certaines qui ont des problèmes psychologiques et d'autres pas. Des psychologues, des bénévoles, des personnes qui ont traversé des épreuves, des personnes anciennement dans des asiles psychiatriques, des médecins, des jeunes qui apprennent, des éducateurs... Toute une micro-vie dans laquelle tout le monde se mélange, et dans laquelle on ne sait plus vraiment qui a quoi, car finalement nous avons tous une part de folie en nous, et l'on réapprend à considérer quelqu'un pour ce qu'il est et non pour ce qu'il a. On parle à un humain et non à un soignant ou à un malade.
La démarche est juste magique et je ne saurais la décrire mieux que les femmes et les hommes qui la vivent et la construisent au quotidien. Le jour où j'ai mis les pieds dans cette maison, j'en ai pleuré et j'en suis ressortie transformée. Une porte s'était ouverte en moi. J'étais accueillie sans aucun jugement par des tas de personnes qu'on appelle des "malades", alors qu'ils sont tellement pleins de vie que c'est moi qui semble malade à côté d'eux ! Des gens à qui l'on redonne de la dignité, qui sortent acheter leur pain, leurs vêtements, qui retrouvent un travail, un sens, un but, une reconnaissance. Je vous invite à découvrir le mouvement de Psychiatrie Citoyenne, l'association Les Invités au Festin, il y a des livres, des reportages, un film même là-dessus. Les personnes qui portent ce projet sont extraordinaires et je ne remercierai jamais assez ma tante, Tat, qui m'a faite entrer dans ce monde et qui ne cesse de m'inspirer par tout ce qu'elle est, par tout ce qu'elle fait.
Moi je ne fais pas grand chose d'autre qu'écrire et porter le message je l'avoue, mais j'aime le monde quand je vois bouger, de cette association au mouvement de solidarité pour Fouzia, je dis Bravo à nous tous pour ces prises de conscience, ces pas les uns vers les autres, pour arrêter le jugement, car tout peut se résoudre juste en se sentant aimé. Yalla...
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