
Nous demandons-nous parfois, cette simple question : ressemblons-nous encore à la petite fille ou au petit garçon que nous étions ? Qu'avons-nous gardé de cette petite personne, qui était tout entière, sans cacher son caractère, sans effacer quoique ce soit de son ardoise, loin de courber l'échine et prête à foncer dans tout ce qui l'animait ? Où en es--t-on aujourd'hui ? A quelles passions, à quels rêves a-t-on renoncé ? Pourquoi tant de fois avons-nous regardé celles et ceux qui osaient aller au bout d'eux-mêmes comme des fous ou des folles qui ne savent pas ce qu'ils veulent et qui fuient en avant ? Pourquoi avons-nous eu peur de rester nous-mêmes ? Pourquoi nous sommes-nous métamorphosés en adultes, laissé nos caractères, nos envies, nos forces, nos espoirs au vestiaire pour enfiler nos tenues de résignation, de soumission ? Qui nous y a obligé ?
Que répondrions-nous à la question "Pourquoi je vis ? Quelle est ma raison d'être ?" Serions-nous seulement capables d'y répondre ? Avec autant d'essence, de foi, de folie que nous y répondions à dix ans ? Et qu'enseignerons-nous à nos enfants ? Que la modération seule mène à la raison et à la vie bien rangée, ou qu'il faut suivre ce que l'on est jusqu'au bout quitte à se battre contre soi-même ? Quel exemple serons-nous ?
Trop souvent, emportés par le flot de nos quotidiens, de nos vies professionnelles, de nos relations, nous perdons de vue ces questions essentielles. Mais parfois, la vie nous offre des miroirs, comme des piqûres de rappel, qui nous ramènent à nous-même, à ce que nous avons été et sommes toujours, pour nous aider à déterrer ce que l'on a enfoui par trop de bienséance, de cadres, de sacrifices inutiles. On croit maîtriser nos vies de A à Z en évitant les remous, mais voilà que cette même vie vient nous bousculer dans nos certitudes, et nous rappeler que seules les vagues mènent quelque part ; le calme plat nous fait stagner.
Humainement, il est plus simple de se conformer au monde qui nous entoure. De mettre de côtés certains avis trop différents, certains rêves incompatibles, certains mots trop risqués. La peur au ventre de décevoir, de blesser, de choquer, de perdre. Alors on passe notre temps à façonner notre place pour fondre le mieux possible dans la masse. Ne pas sortir du décor, éviter toute bousculade en restant dans le rang, même si on aimerait, au fond, aller par ce côté, et puis par celui-là. Est-ce de la lâcheté ? Est-ce une question de faiblesse ? Est-ce humain, est-ce réparable ? Comment reprendre nos rames et ne plus nous faire emporter par le courant ? Réaliser que nous ne portons rien d'autre que nous-mêmes sur nos épaules et que nos vies nous appartiennent ? Que le bonheur ne se gagne pas à coups de regrets mais en osant avancer dans la direction qui nous fait briller.
Brillons.
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